CEBEDEAU • Le journal d’exploitation des stations d’épuration : un outil sous-utilisé.

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Le journal d’exploitation des stations d’épuration : un outil sous-utilisé.

C’est quoi le journal d’exploitation ?

Le journal d’exploitation est le dossier contenant les informations relatives au fonctionnement au jour le jour de la filière d’épuration (ligne eau et ligne boue). La diversité des pratiques en termes de reporting dans ce journal d’exploitation est assez étonnante, certains gestionnaires gérant leurs stations au feeling, sans grande trace écrite, et d’autres accumulant quotidiennement une kirielle d’analyses, mesures et autres informations. L’intensité du reporting étant en général proportionnelle à la taille de la station d’épuration. Au-delà du simple reporting, l’utilité d’un bon journal d’exploitation réside aussi dans les actions qu’il va permettre pour l’optimalisation du procédé. Pour cela, un choix d’indicateurs est nécessaire.

Ce qui suit est évidement indicatif et assez général, chaque station différant par sa technologie, sa capacité, sa stabilité, l’attention de son gestionnaire, … chaque journal d’exploitation doit être adapté.

Quelles informations dans un journal d’exploitation ?

« Ne quid nimis », rien de trop. Mais rien de trop peu non plus. Quel type d’analyse ou de mesure à réaliser, en quel point, à quelle fréquence et dans quel but ? On peut structurer l’approche comme suit.

1. Données collectées à des fins de surveillance du bon fonctionnement de la filière

Partant du principe que la filière fonctionne correctement quand l’effluent et les boues évacuées sont de qualité voulue, les évaluations sont à réaliser en ces deux points. Et nul besoin de réaliser une batterie d’analyse pour en juger : un petit tour d’inspection, muni de bandelettes/kits rapides suffisent. Pour l’effluent, la clarification se juge à l’œil et l’épuration au travers de tests rapides (N-NOx, N-NH4 et Portho). Pour la filière boue, c’est également visuel (aspect grumeleux, pertes d’eau, …) et tactile (texture). On affecte alors à ces paramètres 3 niveaux : bon, suspect ou mauvais. Dans les deux derniers cas, il faut préciser les valeurs par des analyses. L’idéal est de faire son petit tour quotidien des installations – et au minimum passer une fois par semaine.

2. Données collectées à des fins de contrôle

On parle ici des campagnes d’analyses effectuées sur l’effluent dans le cadre de la taxe et de la conformité aux normes de rejets, et également des analyses relatives aux boues évacuées. Ce sont des informations complémentaires à celles collectées pour la surveillance du bon fonctionnement de la filière.

3. Données nécessaires à la gestion des installations

Les données à collecter sont :

  • Influent : DCO, N et P (1 fois par semaine à 1 fois par mois, éventuellement sur des échantillons moyens)
  • Bassin biologique : MES, SVI (1 à 2 fois par semaine), O2 (PLC), température, … ;
  • Clarificateur : hauteur du voile des boues, flottants, … (1 fois/semaine) ;
  • Volumes : tous les débits enregistrés (influent ou effluent, recirculations, purges des boues, … par jour) ;
  • Réactifs : FeCl3, neutralisation, polymères, chaux, … (par jour/semaine) ;
  • Boues : quantités évacuées (lors de l’évacuation) ;
  • Energie : kWh (par poste ou général) ;
  • ….

Ces trois sets de données (surveillance, contrôle et gestion) vont permettre de dégager des indicateurs utiles à des fins de reporting, de gestion des infrastructures et de coûts – et par suite des actions correctives ou d’optimalisation (réactifs, énergie, …).

4. Indicateurs

Les indicateurs sont de plusieurs types :

  • Indicateurs directs, qui sont les valeurs et analyses et mesures collectées ;
  • Indicateurs issus de calculs sur base des données collectées : charges à traiter, charge massique, âge des boues, consommation de réactifs/m³ traité, consommation d’énergie/m³ traité, …

Ces indicateurs sont comparés à des valeurs de références relatives à des impositions règlementaires ou à des valeurs guides définissant un bon fonctionnement de la filière.

5. Autres

En cas de dérive, des actions correctives type peuvent être décrites dans le journal d’exploitation (ex. purger les boues suivant la concentration en MES dans le bassin, corriger les alternances de phases ou le débit de recirculation en cas de dépassement sur l’azote, …), celles-ci étant nourries également par les retours d’expérience du gestionnaire.

Les incidents doivent également être consignés dans le journal, certains étant associés à une dérive de la station.

Quelles interfaces pour le journal d’exploitation ?

Un tableur XLS suffit pour l’encodage des données (points 1, 2 et 3).

Le calcul des indicateurs ainsi que la consultation de l’ensemble des données sont avantageusement réalisés par un programme de traitement et visualisation de données de type power Bi, Dataviz….

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